L'utilisation de l'ASBR permet d'en savoir plus sur la répartition du fonds Hillsdale d'actions canadiennes de performance
Par John Krisko, CFA
Le terme « fonds de couverture » est devenu l'illustration parfaite des placements alternatifs dans l'industrie financière – risque élevé, accessible uniquement à quelques privilégiés, et peu de détails en ce qui concerne sa structure, sa stratégie et ses positions. Par conséquent, un grand degré de mysticisme et de mythe s'est construit autour de ces fonds. Une chose est souvent vraie : les fonds de couverture ne publient pas la totalité de leurs titres en portefeuille. Même si vous êtes un investisseur, vous n'aurez pas accès à ces informations. Évidemment, cela peut être compréhensible du point de vue de l'équipe de gestion du fonds, qui souhaite protéger son « avantage » de placement contre les concurrents qui cherchent à bénéficier de cette information. Du point de vue d'un investisseur cependant, c'est moins compréhensible. Comment pouvez-vous faire un choix éclairé concernant le fonds dans lequel vous allez investir?
Comment pouvez-vous déterminer si un fonds correspond à la stratégie de répartition de l'actif générale de votre portefeuille? Imaginez que vous deviez essayer de répondre à ces questions sans presque aucun autre élément que l'offre elle-même et les documents de marketing. Le peu d'informations quantitatives qui vous est donné, sous la forme de rendements passés, est immédiatement suivi d'une clause de non responsabilité qui précise que « les rendements passés ne garantissent pas les rendements futurs ». Cela ressemble plus à une mauvaise blague qu'à des informations concrètes.
Faire la lumière
Il s'avère qu'une méthode a eu du succès pour ce qui est de répondre à ces questions : l'analyse de style basée sur les rendements (ASBR). J'ai montré dans un
article précédent comment observer un fonds commun de placement à travers la lentille ASBR, mais c'est dans l'évaluation des fonds pour lesquels les renseignements sur les titres ne sont pas disponibles, que réside le véritable potentiel de cette méthode. Elle fonctionne bien pour ce qui est d'examiner les fonds de couverture, mais analyser leur style présente encore des défis.
En fait, un affinement est nécessaire avant que nous puissions entreprendre des stratégies vraiment ésotériques comme « acheteur/vendeur » et des « stratégies neutres au marché ». D'où le choix du
Hillsdale Canadian Performance Equity Fund pour l'analyse, un fonds à position acheteur uniquement d'actions canadiennes à petite capitalisation, basé en partie sur les attributs relativement « classiques » de la stratégie et la grande disponibilité des données.
Mais ne vous méprenez pas, ce fonds est puissant. Avec un taux de rendement composé annuel moyen de 8,1 % sur la période de trois ans se terminant le 28 février, le fonds bat aisément le rendement moyen de la catégorie Actions de PME canadiennes qui culmine à 2,3 %. Hillsdale classifie ce fonds en tant que stratégie « alpha élevé petite capitalisation », qui cherche à gagner un rendement supérieur à celui de l'indice des titres à petite capitalisation S&P/TSX, en utilisant une sélection diversifiée de titres de l'indice composé S&P/TSX, classés selon une approche exclusive. Je pense que nous pouvons nous procurer plus de renseignements sur la manière réelle dont ce fonds investit et sur certains facteurs qui influencent son succès, en observant son comportement comparé aux indices composés S&P/TSX de secteurs sur une base de trois ans de rendements quotidiens.
Choisir un indice de référence
Avant de continuer, il sera utile de créer un portefeuille moyen d'une catégorie de fonds (telle que définie par le comité canadien des standards des fonds d'investissement, ou CIFSC), pour comparer les résultats obtenus. La description du fonds mentionne les indices TSX composés et de titres à petite capitalisation qui correspondent aux catégories Actions canadiennes (87 fonds communs de placement) et Actions de PME canadiennes (191 fonds communs de placement) du CIFSC.
En observant l'ensemble complet des données sur trois ans pour chacun des fonds, l'ASBR d'une période et la régression subséquente révèle que les indices expliquent 69 % de la performance du portefeuille ASBR actions canadiennes de performance Hillsdale (ASBR Hillsdale), mesuré par R2 ajusté. Il ne nous reste plus qu'à spéculer sur la source du reste des rendements, mais, nous pouvons deviner qu'ils proviennent en grande partie de l'alpha d'une sélection de titres réussie, ainsi que de la capacité du gestionnaire à agir au bon moment. Le graphique ci-dessous montre une croissance de 1000 $, ce qui résume très bien les résultats équivalents du portefeuille moyen actions de PME canadiennes, et du portefeuille ASBR moyen actions canadiennes (ASBR actions canadiennes).
La tentative de recréer le rendement du Hillsdale Canadian Performance Equity Fund à partir d'un ensemble d'indices (rouge) a été assez réussie, avec une compatibilité de 69 %, mais c'est l'exposition manquante à l'alpha ou d'autres facteurs qui affectent en réalité le rendement du fonds (bleu). Des deux portefeuilles moyens, notre choix se porte sur l'ASBR actions canadiennes (vert), car il représente le mieux et de loin, l'univers investissable (correspondance de 99 %), et suit l'ASBR Hillsdale de plus près que la moyenne PME (violet), à 79 % contre 74 %. Une conclusion intéressante que nous pouvons tirer de cela est qu'au cours de la plus récente période de trois ans au moins, l'indice composé S&P/TSX paraît être un indice de référence plus approprié que le choix du gestionnaire, l'indice des titres à petite capitalisation S&P/TSX.
Une part du gâteau
Avec le portefeuille moyen que nous avons choisi, l'ASBR actions canadiennes, nous pouvons comparer les différences de répartition entre ce dernier et l'ASBR Hillsdale sur la période de trois ans. Le diagramme circulaire des pondérations ci-dessous offre plus d'informations que la répartition de l'ASBR Hillsdale seule, car il nous permet de voir les différences entre le fonds de couverture et un fonds moyen.
Comme indiqué dans le diagramme circulaire, l'ASBR Hillsdale est le plus sous-pondéré de titres énergétiques (-15 %) et financiers (-26 %) par rapport à la moyenne de la catégorie, et le plus sur-pondéré dans les secteurs des matériaux (19 %) et de l'immobilier (11 %). Ces différences peuvent être un choix tactique du gestionnaire ou simplement le style de secteur systématique du fonds.
L'ASBR actions canadiennes possède un volet financier très important, à 35 %, la différence entre ce dernier et l'ASBR Hillsdale peut donc simplement être que le Hillsdale Canadian Performance Equity Fund est plus diversifié que l'étendue du marché. Pour déterminer la raison de ces différences, nous pouvons procéder à une analyse progressive et examiner comment les mêmes données changent sur des segments plus courts de 252 jours, comme indiqué dans le graphique suivant.
Chaque point sur le graphique prend en compte les 252 jours précédents. Regarder la moyenne, l'écart type, et la variation du pourcentage au fil du temps nous procure des détails sur les styles de secteur les plus importants. Bien que les secteurs des matériaux (vert foncé), de l'immobilier (sarcelle), et financier (bleu clair) soient parmi les différences absolues les plus élevés des pondérations de l'ASBR actions canadiennes, l'écart type se situe dans la moitié inférieure et possède la variation de pourcentage la plus basse de toutes les pondérations par style de secteur.
Cette répartition est constante sur l'ensemble de l'échantillon et indique une démarche systématique plutôt qu'un choix tactique du gestionnaire. D'autre part, le secteur énergétique (violet clair) est le plus volatile de tous les styles de secteur de l'ASBR Hillsdale. Cela est dû en partie à la volatilité du secteur énergétique réel, mais le fait que le volet énergie du fonds se situe entre 20 % et 0 % implique que les changements sont tactiques.
L'analyse de style basée sur les rendements demande un certain travail pour se mettre en place et présente des défis lorsque l'on observe les stratégies complexes employées par les fonds de couverture. Si les conclusions sont tirées avec précaution, cependant, elle a la capacité de fournir des informations sur le style des fonds dans les cas où celles-ci ne seraient pas disponibles autrement. Ces données peuvent être utilisées pour évaluer le rendement du fonds ou déterminer s'il serait un titre approprié pour un certain portefeuille.
John Krisko, CFA, BAA, est gestionnaire des opérations analytiques et des données à Fundata Canada Inc. Il est également vice-président du comité canadien des standards des fonds d'investissement (CIFSC). Ces informations ne visent pas à fournir des conseils personnalisés spécifiques, y compris, mais sans s’y limiter, des conseils en placement, financiers, juridiques, comptables ou fiscaux. Aucune garantie de rendement n'est faite ou implicite.